YEYETTE est née en 1763 en Martinique. Ses yeux sont bleus, son teint a la délicatesse d’une porcelaine, ses cheveux sont châtain ; elle a une allure douce, empreinte de grâce.
Qui est donc YEYETTE que la nature semble avoir si généreusement comblée ?
YEYETTE est l’affectueux sobriquet que les Tascher de la Pagerie donne à leur fille Joséphine, future Joséphine de Beauharnais, et, en deuxième noce, future Madame Napoléon.
Père Tascher, venu en Martinique dans l’espoir d’y faire fortune, achète une plantation (elle se visite encore aujourd’hui dans la commune des Trois-Ilets). Ambitieux, il s’arrange pour marier YEYETTE au Vicomte Alexandre de Beauharnais, un intéressant parti quoiqu’au destin tragique : Général français dans l’armée du Rhin en 1793, il ne parvient pas à sauver Mayence et meurt sur l’échafaud.
En 1796, Joséphine rencontre par l’intermédiaire de Barras (membre influent du Directoire) un certain Bonaparte, jeune chef de brigade d’Artillerie et, séduite par son allure fragile mais déterminée, l’épouse.
Napoléon prend très vite du galon. Dès 1804, c’est l’avènement de l’empire : il devient Empereur, Joséphine, Impératrice.
YEYETTE est très jolie mais elle a un défaut : elle n’aime pas écrire. Ses maris, successivement retenus loin d’elle par leur carrière militaire, lui reprochent son peu d’empressement à correspondre. Napoléon est particulièrement pénalisé par cet éloignement car non seulement YEYETTE lui écrit peu mais en plus elle le trompe.
Le temps passe. Napoléon amoureux, tout autant que l’était Alexandre, ferme les yeux, malgré les rumeurs…
En 1809 toutefois, l’Empereur répudie Joséphine et épouse l’Archiduchesse Marie-Louise d’Autriche. Il veut assurer son avenir, hors, YEYETTE, pourtant mère de deux enfants (Hortense et Eugène) issus de son premier mariage, ne parvient pas à lui donner d’héritier. Ce divorce purement politique n’altère en rien l’affection qu’ils se portent.
A partir de 1813, Napoléon semble avoir perdu sa bonne étoile. La campagne de Russie est un échec. C’est la Berezina. L’empire est sur le point de basculer.
Joséphine, très affectée de la mauvaise fortune de l’Empereur, déprime. Elle prend froid. Sa santé décline. Le 29 mai 1814, à midi, elle expire dans les bras de son fils, en ayant pris soin de faire libérer auparavant tous les oiseaux de ses volières.
Si vous venez à Fort-de-France, vous trouverez, dans le parc de la Savane, une statue de Joséphine. Étrange statue… sans visage, avec une coulée de peinture rouge pourpre le long du cou…
J’ai voulu connaître la raison de cette décapitation. J’ai questionné deux martiniquais. Tous deux m’ont donné la même réponse : « Joséphine était contre l’abolition de l’esclavage. Impardonnable erreur ! »…
A très bientôt, pour une visite guidée de la Bibliothèque Schoelcher…
Deux ou trois vignettes seraient les bienvenues pour illustrer ce long texte. Plus personne ne lit de nos jours, hélas…