Vacances à Pantelleria (3)

Fiat panda de location

Fiat panda de location

Aujourd’hui nous partons dès 9 heures visiter l’île. Nous avons loué une voiture : une fiat panda, toute petite, toute blanche. Nous sommes cinq à l’occuper : Emmanuel et Françoise, un couple venant de Monastir, habitant eux aussi sur leur voilier (« Le Monsun ») ; Eric au volant, Sophie et moi.

Plus de place pour vous, désolée, mais ne soyez pas trop déçus je vais tout vous raconter en détail. Vous aurez ainsi l’impression de nous accompagner.

Emmanuel

Emmanuel

La Fiat Panda démarre avec à peine un quart d’essence dans le réservoir. Est-ce suffisant pour faire le tour d’une île volcanique longue de 13 kms et large de 8 kms ? Pour Emmanuel, oui, sans le moindre doute.

Allons-y donc. Direction Mursia, sur la côte Ouest de l’île. Les routes sont très étroites (ça tombe bien. Notre voiture l’est aussi). La fiat se faufile joyeusement à travers un paysage surprenant. Le long de la mer : des roches noires, volcaniques ; plus à l’intérieur des terres : des forêts, des steppes, des maquis, de la garrigue, des terrains en dénivellation  …

Dammusi

Dammusi

Nous croisons en chemin maints dammusi (maisons érigées en pierres laviques ayant des toits en coupole pour mieux recueillir l’eau de pluie); maints  jardins arrondis et hauts comme des tours, en pierres, ouverts sur le ciel, servant d’abri à un nombre limité d’arbres fruitiers, maintes restanques derrière lesquelles sont cultivés des vignobles, des câpres, des oliviers (ces derniers sont taillés au ras du sol afin d’offrir une moindre prise au vent. Un vent omniprésent pouvant souffler très fort sur  cette île, surnommée à juste titre « la fille du vent »). Autre chef d’œuvre d’architecture, nous croisons de temps en temps des édicules, de petits murs édifiés par une personne ou toute une famille, à la suite d’un vœu ou pour prouver sa foi.

1ère étape : les sesi

Une des entrées d'un sese

Une des entrées d'un sese

Au niveau de la « Cala dell’Alga », nous nous arrêtons sur un site archéologique où se trouvent des sesi (tombeaux), construits durant la période néolithique il y a environ 5000 ans. Ces sépultures, pouvant atteindre 5,80 mètres comme le « sese grande » que nous avons sous les yeux, sont un amoncellement de pierres brutes (semblant n’être qu’un amas de cailloux), avec un toit en forme de cône. On compte une douzaine d’ouvertures tout autour du sese, de la base jusqu’au sommet. Une douzaine de couloirs étroits, partant de ces entrées, mènent jusqu’à des cellules où étaient déposés les morts. Les entrées étaient ensuite murées. Sophie, très curieuse, voudrait bien s’aventurer dans l’un de ces couloirs. Curieuse mais pas téméraire, elle me demande de l’accompagner. Hors de question. Je suis une maman claustrophobe !

2ème étape : grotta di Sataria

Un peu avant le port de Scauri (le 2ème port de l’île) se visite une belle grotte à laquelle on accède par un grand escalier en ciment. Sous des voûtes naturelles, des vasques sont taillées dans le sol, remplies d’eaux chaudes thermales parfaites pour soulager des rhumatismes. Sophie n’a pas encore l’âge d’avoir des rhumatismes mais elle souhaiterait s’y plonger. Il faut parlementer longtemps pour la distraire de cette idée. « Nous nous baignerons cet après midi, dans un lac incroyable, c’est promis ».

3ème étape : la « montagna grande »

Françoise et Sophie

Françoise et Sophie

Point culminant de l’île (836 mètres). Nous déjeunons sur une aire de pique-nique dans la forêt. Après le repas, balade de 15 minutes à pied jusqu’à la « Grotte des Brigands ». Selon une légende, quatre jeunes gens y auraient trouvé refuge après avoir été accusés de l’assassinat de leur vieil oncle. Ils sont bientôt rejoints, au fil des mois, par d’autres « brigands ». Excédés par les larcins dont ils sont victimes, les insulaires organisent des recherchent et retrouvent les malfrats. Ils les condamnent à mort, une peine injuste du moins pour les quatre brigands d’origine qui étaient, finalement, innocents. Sophie raffole de cette histoire de brigands. Elle se la fait raconter encore et encore par Françoise, d’une patience infinie.

 

4ème étape : recherche d’une station-service

Cette étape n’a rien de touristique mais je vous la raconte tout de même car elle m’a amusée. En fin de compte, la fiat panda, toute petite qu’elle soit, a bien soif. Peut-être la chaleur excessive, les nombreux kilomètres de côtes…. Il devient urgent de lui donner à boire. Depuis la « Montagne grande », heureusement, la route redescend. Françoise avertit  à la ronde qu’il est hors de question de compter sur elle pour l’envoyer chercher de l’essence un bidon à la main, en cas de panne sèche. Sophie, elle aussi, décrète : « moi non plus je ne pourrais pas. Je suis trop petite ». Personnellement, je ne lance aucune mise en garde. Engoncée dans ma banquette arrière, goguenarde, je songe : « Désolée messieurs mais cette anecdote va finir sur mon blog et sera universellement connue ! ». A la station service de Pantelleria, il faut nourrir le réservoir de 10 euros mais surtout payer et pour le pilote (Eric) et le co-pilote (Emmanuel), apparemment, ce n’est pas une mince affaire. Pas de caissier, juste une machine à billets. Un automobiliste italien, sagement garé derrière nous, commence à s’impatienter. Pas d’invective, pas de geste déplacé, il sort simplement de sa voiture et offre son aide pour lisser le billet récalcitrant et l’introduire dans la fente. Enfin, la situation se débloque. Après avoir chaleureusement remercié l’italien, nous pouvons redémarrer.

5ème étape : Rencontre avec un éléphant

L'Arco dell'Elefante

L'Arco dell'Elefante

Depuis la ville de Pantelleria (l’île et la ville portent le même nom), nous nous aventurons, désormais sans plus aucun souci de jauge, du côté Est de l’île : Cala Cinque Denti, Cala Gadi, Cala Levante. C’est dans cette dernière crique que nous avons rendez-vous avec un imposant éléphant de pierres (« Arco dell’elefante »), s’abreuvant d’eau salée. Le spectacle est grandiose. On croirait entendre barrir l’animal !

6ème étape : à la recherche de favare

Nous voudrions assister à un phénomène volcanique surprenant : observer des jets de vapeur d’eau à haute température, jaillir des rochers ou du terrain. Pour cela, nous roulons dans le Sud de l’île, non loin de Rekale dans la « Valle di Monastero ». Malheureusement, aucun favare ne se manifeste et je ne suis pas en mesure de vous les décrire. Ces favare seraient-ils de simples « émanations » de notre imagination ?

7ème étape : les vignes

Zibibbo

Zibibbo

Elles sont partout. Nous ne résistons pas, en remontant sur le village de Tracino, au plaisir de goûter au « Zibibbo », les délicieuses grappes blondes donnant le fameux « Moscato Passito », un Muscat liquoreux doux (associé au nom de Carole Bouquet, actrice et vigneronne). Les grains, étonnamment, ont une saveur différente de part et d’autre de la route. Eric entre deux grappes de raisin cueille de petites roches d’obsidienne, noires, luisantes, piquetées de taches grises, très présentes dans ces terrains volcaniques.

8ème étape : le lago Specchio di Venere ou Lac « Miroir de Vénus »

Bain de boue

Bain de boue

En revenant sur Pantelleria, près du village de Bugebern, une superbe oasis naturelle avec des boues thermales le long de ses rives nous attire. Tous en maillot ! Nous nous apprêtons à vivre une expérience unique : s’enduire de boue, tels de petits cochons. Sophie n’hésite pas une seule seconde. Déjà elle s’élance dans le lac et s’enfonce dans les sables mouvants mangeurs de jambes (jusqu’à hauteur des genoux). Tout en titubant, nous empoignons à pleine main cette boue noire, douce, si riche en substances d’origine minérale. En séchant sur les corps, elle aurait soi-disant des propriétés thérapeutiques et cosmétiques. Peut-être bien … en tous les cas, elle a une forte odeur de sulfure et comme le dit très justement Sophie « ça pue l’œuf pourri ! ». Au delà de la boue, on peut se baigner mais dans ces eaux très alcalines (contenant du carbonate de potassium dilué), vous ne trouverez ni poisson ni coquillage.

Le retour vers Pantelleria se fait dans le calme, chacun étant plongé dans ses pensées. Nous avons vu tant de belles choses aujourd’hui qui nous laissent songeurs. Sophie, quant à elle, ne tarde pas à plonger dans le sommeil …

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Texte écrit en août 2011

 

6 réponses à Vacances à Pantelleria (3)

  1. Mutuelle dit :

    Cet article est passionnant et je vais du coup le partager à une collègue qui est sur la même longueur d’onde que vous et je suis certaine qu’elle m’en remerciera. Bravo pour cet article et l’énergie pour partager ces idées. Je serais enchantée d’avoir l’opportunité de lire votre blog à ce sujet prochainement. Ca m’est extrêmement agréable ! Mille mercis !

  2. admin dit :

    Si vous avez eu autant de plaisir à lire cet article que moi à l’écrire, alors je suis ravie. Vos encouragements me touchent beaucoup.

  3. Tout d’abord compliments pour ces remarques, tout autant éclairantes et intéressantes. Sans critiquer, certains points auraient pu comporter davantage d’explications, notamment vers la conclusion. C’est juste une manière de dire que je suis pressé de lire la suite

  4. admin dit :

    Je suis bien contente que vous ayez pris place, à nos côtés, dans notre petite fiat de location et que vous ayez apprécié la balade sur les chemins de Pantelleria. Votre intérêt me motive. Merci à vous.

  5. Kikounet dit :

    Je découvre un peu tardivement cet amusant récit.
    Pour les jets de vapeur j’ai trouvé ça :
    http://www.youtube.com/watch?v=6KH6uTZ3zVo

  6. admin dit :

    Merci kikounet pour ce lien fort intéressant sur les jets de vapeur. Grâce à toi, nous pouvons les admirer à travers cette séquence vidéo.

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