Désert (2)

Scorpions : je les tolère uniquement dans le formol.

Scorpions : je ne les aime que dans le formol.

Nous avons bien dormi dans nos tentes mais nous l’avons échappé belle.

Sur le sable, non loin de notre porte en tissu …. un scorpion blanc avec sa queue en forme d’arc et une vipère !

Je remets mes basquettes dare-dare (je devrais plutôt écrire dard-dard), un peu déçue de ne pouvoir fouler ce sable si fin, si doux, du désert.

 

L'heure d'enfourcher nos quads à sonner. (de gauche à droite : Christian, Bernard, Arnaud, Eric)

L'heure d'enfourcher nos quads à sonner (de gauche à droite : Christian, Bernard, Arnaud, Eric)

Dès 7 heures, nous voilà tous réunis , autour d’une longue table, à l’intérieur de la salle des petits déjeuners Tout en mangeant, nous nous racontons notre nuit, parfaitement reposante sous la tente, mais surtout nos infréquentables voisins : le scorpion et la vipère. La discussion porte aussi sur notre projet commun d’aujourd’hui : une virée en quads à huit heures précises.

Sous nos turbans et nos lunettes : Olfa, Sophie, moi, Nawel.

Sous nos turbans et nos lunettes : Olfa, Sophie, moi, Nawel.

Il est d’ailleurs temps de se pointer au rendez-vous : le soleil chauffe vite dans le Sud Tunisien. Nous nous équipons pour la circonstance : de grosses lunettes pour éviter les projections de sable dans les yeux, des turbans autour de nos têtes, mais surtout des bouteilles d’eau fixées à l’avant des machines. Quelques réglages de dernières minutes et nous voilà partis ….

 

 

En deux groupes :

- Le groupe des filles pour un trajet court (1h30) avec un guide (derrière lequel Sophie s’agrippe tel un singe) ;

- Celui des hommes pour un circuit plus long jusqu’à l’Erg (une montagne de dunes), pour une balade de plus de 4 heures.

Poisson des sables.

Poisson des sables.

Je ne suis pas en mesure de vous raconter la randonnée des hommes. Par contre, je peux vous détailler la nôtre, ludique, vrombissante, magique. Les paysages se succèdent (rocailles, sable ocre paraissant encore plus ocre sous mes lunettes teintées à verres jaunes, buissons verts dont se nourrissent les dromadaires et les animaux du désert,  dunes). Nos Sensations et états d’âme défilent également. Je vous les livre :

  • incertitude (vais-je savoir manier un tel engin ?) ;
  • surprise (mais que passe-t-il dans la tête du guide soudain ? Déterminé, il descend de son Quad et se met à fouiller frénétiquement le sable fin. Peut-être a-t-il perdu sa gourmette en argent, lors d’un précédent déplacement, sur ce même trajet ? Non, non, il veut juste nous pêcher un poisson des sables (sorte de lézard jaune) et nous le faire admirer !
  • bien-être quand, maîtrisant progressivement notre Quad, nous pouvons nous laisser aller au plaisir de surfer sur les vagues (de sable).
  • contemplation : qu’ils sont beaux ces dromadaires en troupeaux et quel attendrissant spectacle ils nous offrent (les petits tétant leur mère). Un peu plus loin, une scène bi-colore attire notre regard (des moutons blanc cassé parmi des chèvres à poils noirs) …
Mouton

Mouton

Vers 11h30, comme prévu, nous parvenons au camp de Zmela Lebrissa à une vingtaine de kilomètres de Ksar Ghilane. Le visage écarlate, les cheveux ensablés malgré nos coiffes, notre première préoccupation est de rechercher de l’eau, impérativement : de l’eau dans nos verres pour nous désaltérer, de l’eau en pluie sous la douche pour se laver. Progressivement, nous reprenons apparence humaine.

Dans la grande salle obscure et fraîche où nous devons déjeuner, nous attendons les hommes. Nous les attendons longtemps …. d’abord sans trop nous inquiéter …. en buvant des boissons rafraîchissantes ; en papotant de tout et de rien comme nous savons si bien le faire, nous les femmes ; en nous assoupissant sur les banquettes ….

Le soleil est très chaud.

Le soleil est très chaud.

14 heures : toujours pas de Bernard, ni d’Arnaud, ni d’Eric, ni de Christian, ni de guide. Mais que fabriquent-ils ? L’heure est devenue déraisonnable pour traîner dans le désert sous une telle température (proche des 40 degrés). Le vent, de plus, s’est mis à souffler. Il devient  urgentissime qu’ils rentrent au bercail !

Notre guide prend la décision de partir à la recherche des retardataires et nous restons dans l’incertitude la plus complète. Bientôt, des moteurs rugissent dans le lointain et nous nous précipitons à la porte vitrée. Le premier à arriver est Christian mais pas sur son Quad … sur celui du guide. Puis vient Arnaud, puis Eric, puis Bernard.

Ils franchissent la porte en titubant. Il sont visiblement déshydratés, sauf Bernard-le-Berbère, à peine fatigué, à peine assoiffé …

Nos hommes recouvrent petit à petit leurs forces : la force de boire de l’eau à petite gorgée, la force d’aller se doucher, la force de se mettre à table pour le repas, la force de nous raconter sereinement leur aventure.

Sur le chemin du retour : un puits.

Sur le chemin du retour : un puits.

Vers 17 heures, tout le groupe retourne à Ksar Ghilane par le chemin de plus court, le plus sûr (sans l’option dunes).

Nous oublions vite les affres de ces dernières heures, chaudes et périlleuses, en nous rafraîchissant dans l’eau sulfurée de l’oasis. Plus tard dans la soirée, un bon repas berbère finit de nous détendre complètement.

Comme c’est beau le désert mais, bien franchement, comme c’est dur !

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Texte écrit en mai 2012

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