Traversées

Depuis deux ans, nous avons visité maints voiliers (des Jeanneau, des Beneteau, des Amel, des Bavaria, des Wauquiez, des Dufour …) et maints bateaux à moteur (Selene, Princess, Sea Ray, Azimut…).

 

Depuis deux ans, nous avons aussi, très souvent, visité des ferries. Aujourd’hui, je vous propose une place (sans cabine) sur l’un de ces géants métalliques aux noms évocateurs : »Le splendid » de la Cie Grandi Navi Veloci ou « Le Sorrento » de la Cie Grimaldi Lines (nom italien de la ville de Sorrente, au sud de l’Italie, près de Pompéi dans le golfe de Naples).

 

Où ces mastodontes vont-ils nous conduire ? me demandez-vous. Jusqu’à Trapani (Sicile) ou jusqu’à Genova (Italie) … histoire de sortir du territoire tunisien … pour quelques jours.

Pourquoi ne pas nous y rendre avec le « Jurançon » ? Question indiscrète … parce que …. parce que la météo est encore incertaine en cette période de l’année …. parce que ces superbes ferries savent traverser les mers les plus houleuses en toute sécurité ….  parce que ce n’est pas si simple ! Un jour viendra, sûrement, où  vous prendrez place à nos côtés sur notre Sun Odyssey pour quelques jours de navigation  …. Je vous le promets.

En attendant, vous vous apprêtez à monter à bord du « Sorrento » ou du « Splendid. » Je vous épargne l’interminable attente devant les portes d’embarquement (au mieux 2 heures, au pire 4 heures), la complexité des formalités devant les fonctionnaires de police et des douanes,  je vous fais grâce aussi du temps perdu à se garer correctement dans un des garages du paquebot (notre voiture fait aussi partie du voyage), et je vous dépose directement dans le grand salon lumineux du ferry avec une vue panoramique sur la mer.

Trop tard. Nous sommes arrivés trop tard. Les meilleures places (celles avec banquettes) sont déja prises. Il ne nous reste plus que des chaises, certes du style « empire » mais sans  capiton, disposées tout autour des tables de la cafétéria.

A bord du « Splendid », la « ruée » vers le confort a moins d’importance car des fauteuils sont  gracieusement mis à  la disposition des passagers de notre espèce (les moins fortunés).  Dans ces fauteuils, on dort allongé. Le seul risque est de dormir allongé à côté d’un ronfleur impénitent !

 

Sur le « Sorrento » ou sur le « Splendid », la traversée est  joyeuse. Sophie arpente les coursives labyrinthiques en se prenant pour « Dora l’exploratrice » avec, en main, sa  carte imaginaire. Grâce à mon (petit) sens de l’orientation, nous regagnons sans trop de peine  notre salle « aux fauteuils et aux ronfleurs ». Sophie trouve facilement des petits copains de voyage (de toutes nationalités) avec qui courir dans les couloirs, avec qui pique-niquer sur les moquettes, avec qui prendre l’ascenseur (un voyage en soi où chaque bouton d’étage  nous ouvre l’accès d’un monde fabuleux – maritime ou spatial – « atlantic desk  » – « océanic desk  » – « sky desk » – annoncé d’une voix suave et incorporelle…).

Eric a choisi d’installer son ordinateur portable sur ses genoux et se fait son cinéma …

Au bout de 15 H de navigation (Trapani) ou de 24 H (Genova), les côtes sont en vue. Eric sort enfin de sa salle de cinéma pour quelques clichés.  A l’arrivée, nous sommes soumis aux mêmes formalités qu’au départ … en plus fatigués.

J’aime ces traversées récréatives, distrayantes (dépaysantes, plus vraiment), peu confortables (c’est sûr), mais au combien sécurisantes pour la navigatrice que je ne suis pas encore devenue : pas de voile à hisser, pas de cap à tenir, pas de « bout » à tirer (cordage)… Un commandant (fantôme) et son équipage s’en chargent, quel que soit l’état de la mer … avec professionnalisme et sérieux !

Texte écrit en avril 2011