Il fait beau. Il est 15 heures. Il est grand temps de s’extirper du Jurançon devenu un peu trop exigu (plus Sophie devient exubérante et plus il perd des pieds).
Lewkas et Sophie
Gail (une maman anglaise) et son fils Lewkas passent nous chercher pour une balade autour de la Marina. Cela tombe bien. Lewkas doit être, lui aussi, dans sa phase de grande excitation des 15 H et il devient urgent de juguler cette ardeur enfantine en regagnant la terre ferme. Dans nos sacs à dos, de l’eau, du goûter, un chandail. Lewkas et Sophie ont choisi leur moyen de locomotion : trottinette et vélo…
1ère étape de cette balade-oxygénation : rendre visite au chat du port, un chat rouquin, très beau, très balafré, surnommé « Georges ». Gail, quotidiennement, lui apporte des morceaux de viande et des friandise. Georges est occupé à pêcher … ou du moins à observer les pêcheurs pêcher. Il sait que ces derniers ne manqueront pas de partager une part de leur butin avec lui.
Dernièrement, en suivant les opérations de pêche d’un peu trop près, il est tombé à l’eau et c’est lui qu’il a fallu repêcher. Même pas peur. Même pas le plus petit souvenir de ce fâcheux incident. Le revoilà à nouveau, toujours aussi près du bord, prêt à replonger …
Une belle avenue longeant le bord de mer
Après une caresse à Georges, nous poursuivons notre chemin. Un coup de trottinette, un coup de pédale, quelques foulées et nous longeons l’allée du front de mer, féérique avec ses surprenants sapins, exotique avec ses hauts palmiers.
Lewkas et Sophie sont inexorablement attirés par les grains de sable de la belle plage. De joie, ils en oublient leur vélo et leur trottinette dont nous nous chargeons … en plus de nos sacs à dos.
Sur cette plage se trouve un banc, face à la mer, inoccupé, apparemment très confortable. Il semble nous appeler : « Venez donc vous reposer un moment ». Après un court instant d’hésitation (un banc les pieds dans l’eau, n’est-ce pas incongru ?), nous accourons. Il ne faudrait pas que d’autres fatigués nous volent notre place assise au soleil.
Cavaliers sur la plage
Face à l’horizon, je discute avec Gail sans perdre la moindre miette de l’ambiance magique qui nous cerne : une mer très calme, les paroles mélodieuses de Gail (la langue anglaise est bien jolie à entendre), les rires des enfants, des galops de chevaux au loin sur le sable mouillé…
Sable de Yasmine Hammamet
Déjà les enfants ont d’autres envies que celle de filtrer du sable entre leurs doigts. Ils nous tirent de notre causerie. Gail propose de leur offrir un cornet de glace dans la gélatéria de la Marina. Comme nous ne voulons pas les regarder se régaler en égoïstes, nous nous attablons à la terrasse extérieure d’un café pour boire un direct (café au lait tunisien).
A la terrasse d'un bar de la Marina
Là, changement de décor : le spectacle de la mer est remplacé par celui des bateaux, des mâts, des touristes (assez rares en ce mois de décembre), déambulant sur les quais.
Sophie, à elle toute seule, et sans le savoir, nous fait son « show ». Elle se décrète « serveuse » dans ce joli troquet et offre spontanément ses services au propriétaire de l’établissement La voilà qui se met à débarrasser énergiquement toutes les tables. Elle reste même un long moment derrière le comptoir à attendre le client. Par chance il arrive et commande un café. Illico presto, il est servi. Illico presto il est ruiné : « c’est un dinar Monsieur », lui dit-elle avec un sourire très commercial, sur un ton ne manquant pas de fermeté.
Gail et Lewkas nous abandonnent pour regagner leur voilier. J’accorde une demi-heure supplémentaire à la petite serveuse blonde prenant son métier très au sérieux (son service n’est pas tout à fait terminé).
Comme j’aimerais la voir aussi serviable sur notre Jurançon ! Sur le Jurançon, malheureusement, c’est moi la seule et unique servante … et tous les jours de la semaine sans la moindre exception.
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Texte écrit en décembre 2011