Une coccinelle se noie dans l’eau huileuse du port. Heureusement, Sophie pêchant sur le ponton (avec du fil de pêche et une épingle à linge rose fluo en guise d’hameçon) la remarque. Elle m’appelle. J’accours. Une opération « sauvetage » s’amorce.
La coccinelle repère l’épingle à linge, elle s’y accroche (coup de bol). Sophie remonte sa ligne et la coccinelle avec. A genoux sur le ponton, nous l’observons de près. « Vit-elle encore ? ». En tous les cas, elle ne bouge plus.
Dans la quiétude de notre voilier, nous lui aménageons un petit logement : une boîte en plastique mauve, un bout de coton, un morceau de pomme, une feuille de choux vert, une gouttelette d’eau au cas où elle aurait soif ! Tandis que Sophie la surveille, je pars sur le net à la recherche d’info : Ça mange quoi une coccinelle ?
La coccinelle, entre temps, s’est réveillée et s’aventure sur les rebords escarpés de sa maisonnette, avec grâce et agilité. Elle se contente de déambuler car ses ailes, humides, sont dans l’incapacité de voler. Elle passe une nuit en notre compagnie, sur le Jurançon, et le lendemain, surprise, elle est toujours là. Nous prenons le petit déjeuner ensemble. Elle me paraît plus énergique et plus aventureuse que la veille car elle a repris possession de ses ailes. Il est donc temps de lui trouver un endroit moins dangereux que le carré de notre bateau.
Sophie voudrait l’adopter pour la vie. Elle accepte toutefois que je lui rende sa liberté en la déposant au pied d’un rosier dans les jardins de la Marina. Je m’y rends seule, Sophie ne souhaitant pas m’accompagner.
Elle me parlera souvent de son gracieux insecte de compagnie, avec beaucoup d’émotion dans la voix et même quelques larmes dans les yeux. Dernièrement, une coccinelle est entrée chez nous. Sophie a voulu croire qu’il s’agissait de sa petite protégée. Elle l’a gardée auprès d’elle quelques heures mais cette fois-ci dans une boîte d’allumettes légèrement entrouverte. Et puis, à nouveau il a fallu la libérer. C’est Eric, cette fois, qui s’en est chargé …
Texte écrit en mars 2011.