Elles sont de couleur crème, achetées en solde, en ce début du mois d’août. Elles sont en cuir, ornées de perles et de paillettes ; elles en « jettent » et Sophie les adorent.
Elles prennent chaque jour le chemin de la plage, aux pieds de Sophie, et dès les premiers grains de sable, je les remplace précautionneusement par ses bons « crocs » tout-terrain. Ces babouches transforment Sophie en une parfaite petite fille modèle. Cela change de ses allures habituelles de garçon manqué.
Mais sur le pont bleu de la Marina reliant une berge à l’autre, il arrive une déconvenue à ces jolies babouches. Sophie, la tête dans les nuages, ne voit pas la crotte de chien (couleur crème elle aussi) en plein milieu du chemin. Elle marche dessus sans la moindre hésitation. Eric a à peine le temps de se retourner pour la prévenir. Zut alors ! Plus question de monter à bord du « Jurançon » avec ces babouches souillées. Eric a l’odorat fin et ne veut pas de cette odeur de m….. sur le bateau. Il les bannit donc, catégoriquement et à tout jamais. Sophie, pour qui chaque parole d’adulte est parole d’évangile, croit dur comme fer aux injonctions de son père. Du coup elle est inconsolable et je me retrouve avec deux problèmes à régler : 1) des babouches à nettoyer, 2) des états d’âme de petite fille triste.
En attendant de trouver LA solution qui réhabilitera ces babouches « merdiques mais désormais porte-bonheur », je conduis Sophie piétiner un coin d’herbe. Puis, de retour sur le voilier, je me précipite sur une vieille brosse à dents. J’en fais collection. Ces aides-ménagères à petite tête sont particulièrement efficaces pour les récurages minutieux. Avec de l’eau, du produit dégraissant, de la javel et beaucoup de tendresse, je brosse, depuis le ponton, la semelle, en forme de vaguelette qui redevient toute proprette. Les babouches sont à nouveau les bienvenues chez nous. Hourra !
Depuis cet incident Sophie est devenue un excellent détecteur de crottes en tout genre … de chiens, de chevaux, de dromadaires. Pour en finir avec cette loufoque histoire de babouches, j’ai une dernière remarque à faire : Ces chaussures là sont magiques. Regardez-les se cramponner telles des arapèdes à ce muret abrupt …. surprenant non ?