« The shopping expedition » du samedi matin

Tout d’abord si vous le voulez bien, mettons-nous d’accord sur les termes employés. Il est question de « Shopping » et non de « courses » car les participants à cette opération « avitaillement » sont anglais : Gail et Lewkas, une maman et son fils vivant sur leur voilier dans la marina, et que la communication tout au long de la matinée se fera en anglais…

Il est question « d’expédition » parce qu’en Tunisie, sans voiture et en bus, les courses prennent vraiment une allure d’expédition. Ce « shopping expedition » a lieu tous les samedis matin. Sophie et moi, nous passons récupérer, à 9 heures 15 précises, Gail et Lewkas sur leur voilier.

« Hello Gail, ready for the shopping ? ». Et vous, cher lecteur (qui lisez cet article je l’espère avec intérêt) êtes-vous prêt à nous accompagner pour cette matinée de courses ? Allons-y. C’est par là, direction Hammamet.

Nous marchons, avec nos sacs à dos et nos cabas pour le moment vides, d’un pas rapide, en direction de l’arrêt de bus tout proche. Il fait chaud et déjà la chaleur nous accable. Sophie se plaint, au bout de 100 mètres à peine, d’avoir chaud à ses petits pieds et menace de retirer ses  baskets sur le champ. Heureusement, j’ai des chaussures de rechange pour elle, plus aérées, et la mission « shopping » peut continuer…

A l'intérieur du bus

A l'intérieur du bus

Le bus (n° 115) ne tarde pas à arriver : blanc, poussiéreux (mais pas poussif), long, en accordéon (pour mieux se faufiler dans les virages), avec, accrochés aux fenêtres, des rideaux sombres et épais, anti-UV. Les portes du bus, à l’arrière, s’ouvrent et vont  très vite se refermer. Sophie appréhende toujours un peu ces minutes où, hésitante, elle se retrouve entre deux marches, plus vraiment à l’extérieur mais pas encore tout à fait à l’intérieur …

Dedans, quand enfin on a la chance d’y être complètement, tout un monde se côtoie, avec  bonhomie et bonne humeur : le conducteur, à l’avant, au volant, concentré sur sa conduite (du moins je veux le croire) ; les passagers (peu nombreux à cette heure de la journée) ;   l’agent-distributeur de tickets, assis à l’arrière, derrière sa caisse. Pour un trajet Yasmine-Hammamet(port)/le centre-ville d’Hammamet, il vous en coûtera 570 millimes. Les enfants, du haut de leur cinq et six ans ont désormais l’honneur de payer.

Le bus roule, énergique, flexible et déterminé, dans une circulation dense que le conducteur sait parfaitement maîtriser. Il dépasse le rond-point de Balaixahel où sont concentrés des commerces en enfilade et de longues processions de taxis jaunes  puis prend la direction d’Hammamet. La « tour bleue » (un immeuble aux vitres  de la couleur d’un ciel  limpide abritant une myriade de cabinets médicaux et de spécialistes en tout genre)  me sert d’amer : en la voyant, je sais que nous sommes arrivés au centre-ville d’Hammamet et qu’il devient urgent de se faufiler vers l’avant pour descendre.  Non loin de la tour, j’aperçois la devanture de notre petit restaurant « Chez Tebsi », qui s’est mystérieusement transformé en café. C’est fou comme tout change en peu de temps (Il y a deux mois à peine,  avant notre départ pour la France, Sophie y travaillait occasionnellement en tant que serveuse – voir l’article « Chez Tebsi », rubrique « Tunisie » de ce blog).

Nous dépassons la gare. Sophie angoisse à nouveau à la perspective d’un  deuxième « sas » à franchir (celui des portes avant cette fois-ci).

Gail

Gail

Nous voici dehors. De l’air, du soleil, la bonne odeur du jasmin, les bruits de la vie qui grouille, la désinvolture des enfants… Nous pouvons déployer nos sacs et nos cabas et y entasser les victuailles  qu’efficacement et de façon organisée nous récoltons, au gré des commerçants  de la rue principale. D’abord, le boucher avec ses merguez, ses pièces de viande suspendues au dessus de nos têtes, avec ses crânes de moutons jetant de ternes œillades à Sophie. Ensuite, vient le primeur avec ses fruits et ses légumes gorgés de soleil et de saveur. Sophie se laisse tenter par des fraises aux couleurs incomparables qu’avec Lewkas, consciencieusement et méticuleusement, elle choisit … il leur faut 10 minutes, à deux, pour en sélectionner 7 ! Un arrêt s’impose aussi dans l’échoppe aux épices où carvi, méloukhia, cumin, curcuma, ras el hanout, fenugrec …. mais aussi lentilles, pois chiches , olives s’achètent à la pelle. Les oeufs s’y vendent également au détail, d’un blanc laiteux. Lewkas et Sophie s’amusent à les compter, chacun dans sa langue maternelle.  Bizarre. Comment se fait-il que l’un en dénombre twenty seven (27) et l’autre vingt-six ? Arbitre impartial et tatillon, je recompte pour eux …

Nous finissons par la boulangerie puis par les petits supermarchés, bien achalandés,  bien trop étroits. Il faut savoir se faire très grand, très petit ou très mince pour atteindre le produit qu’il vous manque.

Voilà, fin de l’expédition « shopping ». Tout s’est parfaitement déroulé. Nous pouvons rejoindre l’arrêt de bus, en face, avec tous nos trésors. Nous faisons patienter les enfants à l’ombre d’un buisson cubique, un bâtonnet de glace entre les mains, jusqu’à l’arrivée du 115.

Lewkas

Lewkas

Le voici, au bout de 15 minutes. Le prix est le même que tout à l’heure mais l’espace à l’intérieur s’est réduit comme peau de chagrin (c’est l’heure de pointe). L’ambiance est jeune et musicale. Du fond du bus, un bruit de tambourin s’élève, couvrant les bruits des klaxons et l’agitation extérieure. A huis-clos, dans cet espace confiné, nous nous apprêtons à entendre un concert. L’agent « distributeur de tickets » calme  malheureusement les ardeurs musicales de l’orchestre. Comme c’est dommage. Déjà, je m’étais rapprochée avec Sophie pour profiter du spectacle et je me préparais à applaudir avec enthousiasme (je suis très bon public).

 

Le trajet à pied, depuis la descente du bus jusqu’à nos voiliers, est agréable. Nous sommes à chaque fois surpris par la beauté de cette marina, avec ses jardins, son île aux pêcheurs, ses terrasses de cafés que délimitent des jardinières de géraniums, sa douceur de vivre… Gail et Lewkas regagnent leur ponton et nous le nôtre. Il va falloir désormais ranger les commissions, et en goûter une partie, pourquoi pas attablés dans le cockpit, sous la bâche bleue qui nous protège du soleil … Sophie a déjà choisi son menu : des fraises, des fraises et encore des fraises….

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Texte écrit en mai 2011

4 réponses à « The shopping expedition » du samedi matin

  1. Gilbert ANTONY dit :

    A la lecture de ce  » shopping expédition  » je note que la vie de tous les jours en Tunisie semble redevenue normale et que les évènements se sont apaisés.
    Je félicite votre amie anglaise GAIL pour son intérêt à la gastronomie ! Il fait dire que Marie-Laure nous décrit un « marché » riche en saveurs gorgées de soleil, difficile de résister.
    Un détail les filles, il existe de très beaux et grands caddys qui faciliteraient votre opé.
    A La Rivière RAS, nos santés se maintiennent dans la (bonne) moyenne.
    Gros bisous à tous, Gilbert & Jacqueline.
    PS. Les photos d’Eric sont dans l’ensemble intéressantes

  2. admin dit :

    Merci Gilbert de participer à notre blog.
    Des caddys à roulettes effectivement existent mais lors de ces matinées shopping-expédition, je préfère me munir d’un sac à dos. Monter et descendre les marches d’un bus Tunisien est déjà assez stressant, alors avec un gros caddy lourd et encombrant, ce serait carrément la panique. Et puis la circulation dans le centre-ville d’Hammamet est dense et chaotique. Je préfère avoir au moins une main libre pour tenir fermement la menotte de Sophie. C’est plus prudent.
    Grosse bise à Jacqueline.
    Au plaisir de vous revoir un jour en France,
    Marie-Laure

  3. Kikounet dit :

    Finalement, c’était vingt-six ou vingt-sept ?

  4. admin dit :

    Kikounet, veux-tu la réponse en français ou en anglais ?

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