Rappelez-vous. Il n’y a pas si longtemps, je vous ai promis une balade sur notre voilier (se référer à mon article « Traversées » rubrique Tunisie). Et bien, je suis heureuse de vous l’annoncer, ce grand jour est arrivé. Veuillez prendre place à bord. La météo est superbe et le parcours sera sans danger. Vous n’aurez même pas besoin d’enfiler votre gilet de sauvetage car nous n’allons pas loin, juste en direction … du premier ponton. Actuellement, nous sommes sur le quatrième, et à la demande de la capitainerie, nous devons libérer notre place (les détenteurs de l’anneau, jusqu’à présent en vadrouille, sont de retour) …
En plus, quelle chance, Eric n’aura pas besoin de votre aide pour les manœuvres (ni de la mienne d’ailleurs) car deux sympathiques employés du port vont nous assister efficacement pour ce déplacement.
L’un deux s’affaire déjà sur le Jurançon, s’occupant de larguer les amarres, l’autre nous escorte dans son dinghy* (zodiac), faisant office d’hélice d’étrave (une option manquant terriblement sur notre Jurançon) …
Sophie a revêtu son gilet de sauvetage et brille de mille feux grâce aux bandes fluorescentes incrustées sur le vêtement. Elle a pris place (pour le fun) à bord du dinghy et se cramponne fièrement à l’une des poignées de la succincte mais énergique embarcation et parfois au bras rassurant du pilote (roulis-roula) … une petite fille, phosphorescente dans le soleil couchant, un bien beau spectacle !
Nous voici arrivés. Cela n’aura pas été long. Vous n’avez pas eu le mal de mer, au moins ? Soyez vigilants pour les manœuvres : pendille (rugueuse et draineuse de coquillages) que l’on extirpe de l’eau pour amarrer l’avant du voilier ; moteur que l’on coupe ….
Ne descendez pas encore. Il nous reste à installer la passerelle (un chef d’œuvre d’Eric, si bon bricoleur, quand il le veut bien), à rebrancher le tuyau d’eau, à remettre l’électricité …
Voilà, nos mains sont lavées, nos gants et la gaffe sont rangés, nous pouvons maintenant arpenter notre nouveau ponton tels des conquistadors. Il est fait du même bois (en lattes grinçantes et mouvantes) qu’au premier ponton mais offre une vision panoramique légèrement différente :
la capitainerie s’est rapprochée avec sa belle enseigne lumineuse (« Port de Yasmine Hammamet« ), en langue arabe et française, au sommet de sa tour de verre (qui, la nuit, se transforme, en phare scintillant). Le chantier Rodriguez, où notre Jurançon a récemment fait une cure de beauté (carénage), est désormais notre voisin (un peu encombrant, un peu trop bruyant à notre goût). A cette heure de la journée (18 heures), il paraît abandonné mais ne nous y fions pas. Demain matin, dès 9 heures, nous entendrons les ouvriers poncer, gruter, s’affairer …
Notre entourage aussi s’est métamorphosé. Au revoir Marc et son luxueux catamaran d’où s’échappaient par les hublots de si beaux airs d’opéra, au revoir les deux charmants retraités Nimois sur leur confortable bateau à moteur que je n’aurais jamais dû visiter car maintenant je rêve du même.
Aujourd’hui, sur notre gauche, nous avons, côté bâbord, Bernard et Olfa, deux jeunes mariés que vous connaissez déjà (articles « un sanglier sur broche » et « Piscine et Hammam » rubrique Tunisie) ; côté tribord, presque en face du nôtre, le Manutéa, un Sun Odyssey 40 DS appartenant à une sympathique famille de navigateurs français dont les adorables garçonnets Ethan et Elie (cinq et sept ans) sont deux bons copains de Sophie. Je vous communique l’adresse de leur blog » manutea.top-depart.com » mais à une condition : que vous pensiez à revenir sur le nôtre (le récit de leurs aventures maritimes est si exaltant que vous allez partir bien loin et pour un bout de temps).
Nouveau ponton donc mais, pour le moment rien de vraiment neuf dans nos vies. D’ici peu, notre Jurançon sera enfin prêt pour une navigation (Pantelleria ou une autre île italienne proche de la Tunisie). Vous serez bien évidemment conviés à bord pour cette agréable aventure (ou périlleuse expédition, l’avenir nous le dira).
* Dinghy : mot Anglais pour une petite embarcation (Zodiac).___________________
Texte écrit en juin 2011